Posted by Manu on 22 Jan 2013 in Actualités, CR, Photos | 0 comments
Certains chanceux (et spéléos !) parmi nous ont posé leur vendredi ; voire le jeudi, et ce pour d’obscures raisons…
Alors, initialement, avec Thomas, nous avions prévu de dévaler les cordes du Gouffre de l’Espoir, afin de poursuivre l’exploration à grands coups de fulminations. C’était sans compter la force du Destin.
Les moyens de communications actuels, les prévisions météo de gel prononcé, et l’envie d’en découdre avec la glace nous font changer de plan. Sylvain nous déroute avec une joie non dissimulée vers d’autres horizons plus frais et plus précautionneux : nous allons grimper sur des cascades de glace !
Nous remettant à peine de la soirée de volley-ball endiablé de la veille, nous filons profiter de 2 h disponibles -avant le rendez-vous glaciaire- pour nous échauffer en skis sur le Larmont. Il faut dire qu’à 8h du matin, le soleil émerge péniblement, la neige est pure, crissante et les conditions bien « frettes ».
Une magnifique descente où les virages à la mode télémark s’enchaînent dans une poudreuse idéale, une remontée dans les sous-bois, le tout à l’estime.
Un peu court, mais le timing est serré ! car nous attendent…
… qui ont bien du grossir la nuit passée avec le joli -15° de ce matin !
Sylvain, hyper-motivé, a fait explosé son réveil, est arrivé une heure avant nous. Et a tout équipé. C’est pas royal, quand même ?
On s’équipe, sort les crampons, les gants, les piolets et les « grosses ».
La préparation est un moment particulier, où l’on vérifie son équipement, le serrage des crampons, l’ajustement du baudrier. L’escalade en cascade de glace possède plusieurs points communs avec le rocher : la verticalité, le baudrier, le maniement des système d’assurance entre autres ; mais il faut y ajouter tout l’environnement et l’ambiance haute-montagne, les protections pour le visage et les yeux, l’utilisation des piolets, l’attention spécifique à la corde, la gestion des chutes de glace…
C’est une fenêtre singulière qui s’ouvre, et nous projette dans cette paroi éphémère aux formes improbables. Nous sommes à 20 min de Pontarlier, et en même temps, radicalement, au bout du monde.
Nous enchaînons chacun une longueur, la confiance arrive ou revient.
Thomas, qui n’avait jamais pratiqué, est équipé des crampons de mon paternel (40 ans d’âge, sangle d’origine), qu’il enfile sur d’immondes grolles qui lui servent surtout à aller sous terre, arrachées de toutes parts et pourtant vaillantes ! Avec ces crampons bien roots et ses chaussures itou, il sortira toutes les voies, avec aisance et style. Bluffé.
Après une première cascade peu formée mais robuste, j’essaie une autre concrétion de glace, beaucoup plus légère, et peu cohérente malgré de beaux volumes ponctuels de glace. Après m’être trempé sous un ruissellement dru, sans trouver de voie logique à travers des choux-fleurs fragiles, je me déporte à droite vers une belle stalagtite de 2 mètres, dans l’espoir de retrouver au-dessus un peu de glace vive, si possible plaquée en paroi. Je progresse d’un bon mètre, lentement, sans forcer et avec douceur pour préserver toute la glace qui peut l’être… quand le planté de crampons fait sauter l’ensemble sur lequel j’étais posé !
Un joli soleil et une bonne poussée d’adrénaline plus tard…
… je compte mes membres, mes piolets, je cherche la verticale et remercie silencieusement Sylvain qui a assuré comme un chef ; et aussi, je félicite mes réflexes qui m’ont interdit de me protéger le visage : avec piolets et crampons, c’était la meilleure solution pour finir borgne et embroché.
C’est donc la tête en bas, et sauf, que je me retrouve pendu au bout de la corde.
Rétablissement, descente, changement de voie. Point trop n’en faut.
Au passage, merci ; c’est « confortable » de savoir que sa vie est entre de bonnes mains.
On se rabat sur la première cascade, en changeant d’itinéraire. On s’essaie à un joli petit dièdre, bien raide. L’ambiance nous rappelle un peu la spéléo où l’on recherche les recoins !
La progression est plus lente car la glace est fragile, et l’on dépose les pointes des piolets juste là où il faut pour progresser. Curieusement, je trouve cette longueur plus intense et plus fluide, plus régulière en tous cas. Un excellent souvenir, avec la joie simple d’arriver au sommet dans le calme et le sourire du photographe.
Nous terminons cette session par un pic-nic foutraque et mérité, juste avant d’attaquer…
… dans les Gorges de Nouailles, toutes proches et saupoudrées de neige.
Nous passons devant les Faux-Monnayeurs, la source du Pontet, et repérons la Grotte de Nouailles en vue d’une future exploration. Un bel objectif apparaît aussi, qui lui restera secret pour l’instant…
Merci aux compères !
Manu
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